Pouvons-nous améliorer la santé physique grâce à la méditation ?
Dès que la maladie se présente, l’activité mentale génère autour de cet évènement toute une chaîne de réactions émotionnelles basées sur l’idée que nous nous faisons de la bonne santé du corps. Notre esprit, qui ne sait pas voir le mouvement éternel de la vie qui transcende les limites de l’humaine condition, est incapable de poser sur l’évènement une attention profonde et aimante, un regard vers sa source, vers ce point qui vibre en nous et se connaît immortel. Tout émerge de ce lieu. Ce que nous appelons méditation est une vision non partielle, non fragmentée, de la réalité. Elle est dans l’absence de lutte contre ce qui nous est proposé, dans l’accueil sans condition, sans marchandage intellectuel, de chaque nouvelle situation. Seuls le plein consentement à ce qui se présente, l’acceptation – qui n’est pas résignation - et la perception globale de l’évènement permettent de donner à la maladie un sens autre que celui de fatalité, d’épreuve génératrice de souffrance. La méditation est cette perception de la totalité, au sein de laquelle l’esprit discriminant cesse de fonctionner. Les manifestations corporelles douloureuses sont alors vues dans cette perspective d’unité, celle d’une vaste conscience silencieuse. L’esprit apaisé, notre respiration se ralentit naturellement, notre souffle prend une tout autre puissance, le flot d’énergie capté pénètre en profondeur nos cellules, traverse librement nos canaux, élargit notre espace intérieur. Nous ressentons cette paix qui imprègne notre être depuis l’origine et qui est sa véritable nature. L’énergie que nous captons ainsi en conscience n’est autre que l’énergie cosmique de l’amour, qui régénère tout ce qu’elle touche.
La méditation ne risque t-elle pas de nous éloigner de la réalité quotidienne ?
La méditation n’est pas autre chose que l’observation, dans notre quotidien, sans a priori, sans jugement, de la vie qui se vit à travers nous, à travers nos petites et grandes joies, nos petites et grandes misères. En son sein opère la prise de conscience de la force d’expression de l’énergie qui s’exprime dans toutes les dimensions de la vie. Nous avons tous la capacité de demeurer dans une tranquille observation où est ressenti seulement le mouvement harmonieux de la vie. Malgré notre quotidien souvent agité et bruyant, malgré nos contraintes de toutes sortes, nous pouvons vivre sereinement, où que nous nous trouvions, regarder, écouter, agir avec un cœur humble, un esprit simple. La méditation, c’est rester absorbé dans la paix intérieure, quel que soit l’environnement, dans un silence recueilli qui n’exclut pas mais englobe tout. C’est aussi aimer ce que l’on fait chaque jour, peu importe si ce sont de petites choses à nos yeux : il n’y a pas de petites et de grandes choses pour la vie qui est don permanent. La méditation est ce regard élargi, ouvert, qui permet de nous voir dans tout et de voir tout en nous-mêmes, sans l’interférence de pensées qui parasitent la perception pure et créent une illusion de distance avec ce qui est. Voir ainsi nous conduit au cœur du mystère de la vie. Loin de nous extraire de la réalité, la méditation nous y plonge.
La méditation n’est-elle pas tout simplement une forme de relaxation ?
La méditation peut être ressentie comme un bien-être au départ, par le calme qu’elle apporte. Au fur et à mesure que nous nous ménageons des moments de silence, l’esprit se dégage de ses projections, de ses attentes, de ses identifications, de tout ce tumulte qu’il génère. Il se met en repos et laisse ainsi l’énergie s’écouler sans obstacle dans l’espace qu’il laisse se dévoiler. Notre attitude détendue lui permet de nous traverser sans résistance et la vie peut alors commencer à œuvrer puissamment. Nous avons tellement l’habitude de diriger notre esprit vers l’extérieur, vers des objets qui le retiennent et le distraient, que nous avons oublié sa source, cet espace vide et lumineux d’où toutes les formes d’énergie émergent. La méditation sans intention, non dirigée, nous permet de toucher cet espace de silence. Elle nous invite à demeurer dans un état d’attention recueillie, sans aucune prière, sans aucune parole intérieure, sans aucun désir, même de paix. La méditation est notre état naturel, dès que nous ne sommes plus encombrés d’innombrables pensées toutes issues d’un cerveau en constante effervescence, dès que nous accomplissons chaque geste en pleine conscience. Nous entrevoyons alors ce que nous sommes et que nous avions oublié au milieu des distractions multiples. Plus qu’un simple exercice de relaxation, la méditation nous dévoile notre véritable nature, toujours au repos, silencieuse au sein du grand silence. Elle élargit sans fin notre espace, qui déborde de sagesse et de bonté. C’est dans cet espace qu’est perçue la réalité.
La méditation est-elle une pratique spirituelle ?
Toute pratique spirituelle tend à la réalisation de notre véritable nature, qui est l’énergie consciente de la vie. Il s’agit de laisser émerger ce fond permanent et immuable, que notre esprit, harcelé par une multitude de désirs qui le dispersent en tous sens, recouvre. Plutôt que de tenter dans l’effort de supprimer les pensées ou de diriger volontairement le mental sur un objet de concentration, il s’agit de réaliser la nature éphémère de la pensée qui émerge, de la voir comme un déploiement naturel et transitoire d’énergie. Elle perd ainsi sa capacité d’attrait ou de répulsion. L’esprit, libre dès lors de toute saisie, se calme peu à peu. Seul un esprit limpide, qui se repose en lui-même, peut laisser se dévoiler ce quelque chose qui existe par-delà son champ. L’attention fine qu’il libère, dégagée de toute attente, fait alors accueillir spontanément chaque perception, chaque fait, sans passer par la pensée qui trie, juge, sépare, prolonge ou rejette. Voici ce qu’est notre vraie nature : cet accueil libre, joyeux. La paix ressentie en est sa substance. Nous pouvons la sentir affleurer lorsque le choc de la beauté d’un paysage ou d’une musique suspend l’activité mentale. En cet instant immobile entre deux pensées, nous sommes en contact direct avec ce qui est. Plus rien n’est alors perçu comme extérieur à soi. Le penseur s’est effacé : il n’avait plus rien à faire en ce lieu hors du temps. La méditation n’est pas dans le temps. Elle n’est pas le produit d’expériences, ne peut être créée, prolongée, car elle n’est pas une pensée. En ce sens, on ne peut parler de méditation comme pratique spirituelle, car la méditation est justement l’absence du penseur, du méditant. Elle est simplement accueil du mouvement de la vie et de sa liberté, d’instant en instant. Elle est ouverture à cet espace où la vie circule puissamment et œuvre à travers nous, avec amour et compassion.